A Ngozi : deux enfants abandonnés se débrouillent à l’hôpital

Au Burundi, les enfants abandonnés par leur famille rencontrent des difficultés pour se faire soigner en cas de maladie. Certains s’arrangent, à l’image de Nifashije Achel, 13 ans, qui a dû emmener à l’hôpital sa petite sœur Ange âgée de 3 ans.

Alitée à l’hôpital autonome de Ngozi depuis janvier, Ange Dania Igiraneza, trois ans souffre de malnutrition. Elle a été emmenée à l’hôpital par son grand frère  Nifashije Achel, jeune garçon de 13 ans. Natifs de la colline Rutamanzura en commune et province Ngozi, ces deux enfants ont été victimes de l’abandon de leurs parents. Leur père se serait dirigé en Tanzanie alors que leur maman, embêtée par la pauvreté, aurait fuit la famille en décembre dernier. 

« On est resté chez notre vieux Grand Père et personne ne s’occupait de nous » révèle Achel Nifashije, « quand ma petite sœur de 3ans est tombée malade, je me suis débrouillé :  je l’ai emmenée à l’hôpital privé ». Incapable de payer ses soins, la fillette a été transférée le jour même de l’hôpital privé à l’hôpital de Ngozi.

Hospitaliser un enfant par un autre enfant, une chose difficile

Le grand frère doit alors endosser la tâche de garde malade. « Ce n’est pas du tout facile, je ne suis pas à mesure de s’occuper de ma petite sœur surtout en ce qui est de la nourriture et de la prise des médicaments. Je suis obligé d’approcher les autres gardes malades pour le soutien », indique le jeune garçon.

Informée de cette histoire choquante, Christine Mutuminka une maman de deux enfants originaire de la commune Gashikanwa (dans la même province que Ngozi) leur est venu en aide pour faire la propreté, les nourrir… « Un enfant malade ne peut pas être gardé par un autre enfant ! » s’énerve la maman.

« Tout individu a besoin, pour grandir, d’un environnement sain. Depuis sa conception, il a besoin d’une protection et d’un suivi physique, psychologique et social » explique Médard Niyimpaye, Psychologue, Directeur du Centre d’Ecoute et de Prise en Charge Médicale et Psychosociale UMUGIRANEZA de Ngozi. En clair, pour ce psychologue l’absence d’une famille pour s’occuper d’un enfant malade provoque des effets néfastes sur la santé mentale des enfants.

Il signale que la parentalité suppose un ensemble de fonctions, de droits et d’obligations (morales, matérielles, juridiques, éducatives, culturelles) exercés dans l’intérêt supérieur de l’enfant : « quand cette parentalité n’est pas bien exercée, l’enfant risque de connaître un déséquilibre sur tous les plans de son développement :  physiquement, mental, intellectuel et psychologique ».

Pour toutes ces raisons, le directeur de l’hôpital autonome de Ngozi, le docteur Guillaume Ntawukuriryayo plaide pour que les deux enfants retrouvent une famille ou soit accueillis à l’orphelinat : « après l’hospitalisation, ces enfants auront encore besoin de survivre et aller à l’école ».

L’histoire a touché les gens

A travers la page Facebook et même les ondes de la Radio Communautaire UMUCO FM, les internautes ont été choqués par cette histoire de ces deux enfants. Le rédacteur de l’article a créé un groupe WhatsApp sous la proposition des lecteurs. Ils ont contribué une somme à la hauteur de 656.900 francs burundais pour le soutien.

Au moins trois semaines après la publication de cette histoire, Iteka Lucky Louange, la fille du président de la République du Burundi est venue rendre visite en février ces enfants. Au nom des enfants de la famille présidentielle, elle  a remis des vivres, des habits et bien d’autres besoins. « Nous sommes venus dans cet hôpital pour consoler ces enfants car ils sont nos confrères » a indiqué la fille de Evariste Ndayishimiye, « Cette visite montre que nous avons entendu ce qui leur ait arrivé ». De son côté, Achel Nifashije a salué cette visite : « Merci de venir ici, que Dieu vous bénisse »